mercredi 25 mai 2016

Lâcher prise

Plip Plop’, un sms est arrivé sur mon portable. Mon frère « News ? Ca va mieux ? ».

Instantanément, dans ma tête, mon démon et mon ange gardien se mettent à dialoguer :

- « Va te faire foutre » ! Il ne s’est même pas donné la peine de répondre à mon petit message qui disait que ça n'allait pas fort, et maintenant, il vient prendre des nouvelles. Ben voyons !

- Mais Marie, t’es pas sympa. Ces’t quand même gentil de sa part, de venir prendre des nouvelles. Ça veut dire qu’il pense à toi !

- Il pense à moi ? Tu parles. Même pas « bonjour ma sœur », même pas « Bisous ». Que dalle ! Et puis, il vient aux nouvelles quand il pense que la vague est derrière. Mais t’as raison... on pourrait répondre « Qu’importe ? » alors ? Comme ça, on répond, mais on dit rien.

- Il va se sentir agressé, tu le sais bien. Toi, tu sais avec quel ton tu dis ça, mais lui non. Et connaissant P., il va mal le prendre.

- Oui ben quoi ? « Bof. Un jour, je trouverai ma solution… »

- Ah ben oui, t’as raison. Fais lui tu chantage au suicide, tant que tu y es ! Non, mais vraiment, n’importe quoi !

- Alors on répond pas !

- …

C’est sans fin. Pourtant je suis dans un jour actif, un de ces jours où je suis positive, où j’en veux, où je dépote… Sur le thème « travaux en bâtiment », dans ma très vieille maison qui a grand besoin de soins, pour aujourd’hui. Je suis en train de passer un enduit de lissage sur les murs décapés. Je suis devant mon mur, debout sur un tabouret, mes spatules à la main, mon enduit dans une gamelle posée sur les toilettes et dans ma tête, c’est un débat infernal. J’en ai conscience, j’écoute mais je n’arrive pas à arrêter ça. Respirer, observer ses gestes, décrocher de ses pensées. La spatule, et le mur, rien que la spatule et le mur. Lâcher prise. La vache ! Que c’est dur ! Je suis une machine à penser et ces pensées me détruisent totalement.

Je change d’activité, mais rien à faire, mes pensées ne restent pas aux toilettes, elles me suivent. Je persiste encore un moment, et finalement, physiquement fatiguée de mes travaux, je me dis que le mieux serait de toutes façons de faire une pause. Quand j’étais gamine, ma mère me disait toujours : « Quand on est fatigué, il faut s’arrêter. Quand on s’entête, on se met à faire des bêtises. »

Alors, OK, je m’arrête et je m’offre une petite balade. A la sortie du village de N., un petit chemin m’inspire. Il longe d’abord un pré très pentu que je trouve très beau, mais il est entouré d’un barbelé peu engageant, et bien serré. "Hummm... difficile de passer dessous." Et puis tout d'un coup, smile. Du jamais vu : il y a là, sous mes yeux, une petite échelle de bois moussu toute prête à me faciliter le passage !

Hop, en quelques sauts je suis dans mon pré et me mets à le parcourir à l'affût de jolies plantes. Je ne m'en rends pas compte tout de suite, mais ma tête s'est arrêtée instantanément de faire des bulles inutiles. J me retrouve comme une petite gamine dans mon pré, à m'émerveiller d’une fleur, d'une couleur, d’un brin d’herbe, d’un rien ! Je grimpe, je grimpe... je découvre des orchidées sauvages que j'adore : orchis pyramidaux, orchis bouc, orchis homme pendu (l'un de mes préférés, si fin, si subtile). Je me couche devant pour mieux le prendre en photo, ... et manque me percer le tympan avec une herbe sèche. Hi hi !.

Je grimpe, je grimpe. Du thym serpolet, des hommes pendus encore. Je suis un petit poucet qui suit des fleurs au lieu des petits cailloux. A l'affût. Je ne me décide, cette fois, à passer sous un barbelé qui m’entrave pour pouvoir grimper plus haut encore. Je prends peur du cri rauque, presque un aboiement, d'un animal. Bah, ... c'est probablement un chevreuil mais il ne m'arrêtera pas ! J’attends un instant puis passe sous mon barbelé et me retrouve dans une zone sauvage hésitant entre forêt, éboulis de cailloux, prairie sèche et mousses lumineuses. La fin d'après midi est délicieuse, miraculeuse. C‘est beau, c’est beau ! Le soleil m'offre des lumières divines, les oiseaux chantent délicieusement. Je me sens bien ici, seule, paisible, émerveillée. Je respire la nature, je goûte chaque délice qu'elle m'offre. C'est divin !

Je me perds à travers bois avec un plaisir inoui ! Je suis vraiment dans mon élément, là. Je suis juste ici et maintenant à déguster égoïstement le cadeau d'une merveilleuse journée de printemps ! Ma tête est vide, enfin ! J'ai réussi à lâcher prise !!!! Hourra !!!!



mercredi 11 mai 2016

Arbre de vie

Une contrariété toute petite, ridicule, et dans ma tête, tout bascule. Le sourire laisse place au chaos, les larmes apparaissent, deviennent ru, ruisseau, torrent capricieux qui détruit tout sur son passage. Un rien me paraît alors insurmontable. Je me noie, je panique, je m’enfonce dans ma culpabilité d’être mal, de faire mal autour de moi.



Il y a quelques jours, j’ai eu un moment de panique. Serais-je bipolaire, comme ma grand-mère ? Ces choses si futiles qui me font littéralement basculer d’un instant à l’autre me font peur, je panique. Quelques recherches sur internet plus tard, je réalise que non, je ne suis vraisemblablement pas bipolaire. Parce que certes je suis secouée par ces périodes de violent effondrement, qui peuvent durer de quelques heures à quelques semaines, mais je n’ai pas ce qu’on appelle les « crises maniaques », les phases « up » de la maladie, où avec une énergie délirante je ferais n’importe quoi.

Par contre, au hasard de mes recherches, j’ai découvert des blogues superbes de gens bipolaires, de gens hypersensibles, de gens normaux, des blogues pleins de profondeur qui m’ont émue, qui m’ont remuée. Et, soudain, une petite graine a germé dans ma tête… Et si …

Et si j’ouvrais un blogue ? Et si ce blog devenait pour moi un humus riche dans lequel ma petite graine pourrait pousser, s’enraciner ? Et si ce blogue pouvait aussi servir à quelques autres, qui comme moi, ont besoin par moment de voir qu’ils ne sont pas seuls ?

J’ai laissé quelques jours ma petite graine dans son bon humus, et je l’ai arrosée. J’ai regardé sortir ces toutes premières petites feuilles, qui n’ont l’air de rien, qui sont si fragiles. J’ai attendu encore, et j’ai réfléchi… et à ma grande surprise, d’autres petites feuilles ont poussé, qui avaient, celles-là, une forme beaucoup mieux définie…

Alors oui, ce blogue, je le veux métaphore de l’arbre. De l’arbre qui s’enracine, qui me procure de la stabilité par l’expression quand j’en ai besoin, un arbre qui est mon point de repère, mon point d’ancrage. Un arbre de vie, un arbre témoin, qui me rappelle, quand je plonge, que je suis aussi pleine de ressources et que je sais faire plein de choses. Un arbre qui peut-être pourrait aussi devenir un repère pour d’autres. Car un arbre peut accueillir ou attirer des oiseaux, des écureuils ... Un arbre peut se lier d’amitié avec des champignons. Savez-vous que les champignons et les arbres vivent parfois en symbiose, une sorte d’échange de bons procédés entre eux ?

Alors, c’est décidé, je vais prendre bien soin de cette petite pousse que j’ai faite germer, et je vais commencer par lui trouver un pot un peu plus gros, pour qu’elle puisse s’épanouir. C’est parti !


Arbre de vie