Mon petit mari est un homme intelligent, très intelligent, bien plus intelligent que moi. Au début de notre relation, j'étais très admirative de cela. Il a une position sur tout parce qu'il sait beaucoup de choses sur tout. Il a une mémoire d'éléphant, avec une capacité incroyable à ressortir des choses très techniques apprises il y a 25 ans, pendant nos études.
Pendant des années, et forte de ces constats, je me suis installée, mea culpa, dans sa trace, "obéissant" et lui faisant confiance sur énormément de choses, peut-être même sur tout.
Certaines étapes de notre vie ont cependant était très difficiles pour moi, car ce petit mari, mine de rien, m'imposait ses vues, ses façons de faire et de penser. Et moi, j'encaissais...
Ça peut paraître idiot mais plein de petits riens sont venus pourrir notre relation. J'ai encaissé, encaissé. Non sans ruminer et me morfondre intérieurement, très probablement...
Il y a eu des hauts et des bas, des "ras le bol !", et des "pas grave !". Mais un jour, je suis "tombée de ma chaise" en découvrant que j'étais tombée amoureuse d'un autre homme !
Jamais, jamais je n'aurais cru ça possible ! 7 semaines, 7 kilos. J'ai littéralement fondu. J'ai sombré dans une dépression sans précédent. Mon passeur de rives Élisabeth G. avait quitté Paris et ne pouvait plus m'aider. Mon autre passeur de rives était l'homme dont j'étais tombée amoureuse : quelqu'un qui justement a fait preuve, et fait toujours preuve, malgré mes crises de perte de confiance et de désespoir, d'un profond respect de ce que je ressents, d'un profond respect de moi. Un homme qui m'a ouverte à plein de choses au lieu de m'enfermer dans des riens.
J'étais aux abois. J'ai cherché des psychologues qui pourraient m'aider mais n'ai trouvé que des gens sans plus value. Les uns m'ancraient dans ma culpabilité, les autres accusaient mon mari, ma mère, mon éducation, les autres encore ne m'apportaient juste rien du tout. ..
Et puis j'ai découvert sur internet des gens qui m'ont aidée, et qui m'aident encore, à découvrir le sens de la vie, à mieux comprendre ce qui m'arrive, à m'orienter vers autre chose.
Lecteur à la recherche de toi même, tu peux t'intéresser à Bruno Lallement, Christophe André, Noémie de Saint Sernin. Ils sont des gens de valeur, à très haute plus value dans la compréhension de ce que nous sommes. Ils sont les porteurs d'une formidable philosophie de vie, qui m'apparaît comme une évidence, même si son appropriation demande un investissement personnel intense, continu, acharné.
Alors ce matin encore, après la vexation que m'a infligée mon petit mari, alors que les larmes m'étranglent, je pense à eux, à leurs enseignements. Je me regarde dans la glace, je reconnais ma vexation, ma blessure. Je sais avec certitude que dans ce cas précis, elle est normale. Que mon petit mari n'est pas honnête avec lui même lorsqu'il m'explique les raisons de son geste. Parce que c'est un thème que je connais chez lui. Et j'arrive à me pardonner ma réaction. .. une première ?
Avec un peu de recul, une première, certes, mais pas assez solide : le jour suivant, sur une remarque anodine, je repars en vrille...
jeudi 23 juin 2016
mardi 14 juin 2016
Les outils de mon jardin intérieur
Il y a quelques années, quand j’ai commencé à ressentir profondément mes difficultés émotionnelles, mon ostéopathe m’a envoyé voire une psy. A l’époque, je n’accordais aucune crédibilité à cette profession. Mais de fait, cette femme a été une révélation pour moi. Elle m’a appris plein de choses sur moi, sur ce qui se passait dans ma tête et dans mon corps.
Quand je pouvais parler, alors Elisabeth G. écoutait, posait quelques questions, très sobres, dont l’objectif était de me faire creuser un peu plus ma réflexion sur les sujets abordés au cours de notre conversation … elle avait une mémoire incroyable de tout ce que je lui disais et il me paraît maintenant évident qu’elle avait appris à me connaître incroyablement bien et qu’elle avait parfaitement conscience de cette grande spirale dans laquelle j’entrais, de ce personnage dans lequel j’étais enfermée et dont tout en moi aspirait à sortir… Je repartais toujours de chez elle avec une question qu’elle me posait à la dernière minute, pour me faire réfléchir de là à notre prochaine entrevue… Et cette question, toujours d’une simplicité biblique en apparence, était en fait une vraie question, d’une richesse inouïe, une source à laquelle parfois je m’abreuve encore aujourd’hui...
Et puis, quand je n’allais pas bien et que je n’étais pas en état de parler, Elisabeth G. me faisait travailler sur le corps, sur ma posture. Elle me demandait l’autorisation de me toucher, posait ses mains sur mes épaules, sur mes hanches, et me faisait prendre conscience d’une partie de mon corps par ce toucher, et par les mots dont elle l’accompagnait. Elle m’apprenait à m’assoir, ou à me tenir debout sur un quai de gare…
Elle était vraiment extraordinaire ! Elle a été mon premier « passeur de rives ». Une de ces personnes qu’on croise un jour, sans trop bien savoir pourquoi ni pour quoi, et qui sont des révélateurs, des catalyseurs, des personnes qui nous font faire un pas immense, qui nous font passer d’une rive à l’autre de notre vie. J’aime cette image… Ma vie à moi est traversée par un torrent imposant, large, tumultueux, dangereux par endroits. Et mes passeurs de rives sont mes guides dans la traversée…
Elisabeth G. m’a fait prendre conscience de plein de choses. Avec elle, j’ai commencé à identifier mes émotions, j’ai posé dessus des images. J’ai découvert que je n’aimais pas le contact physique avec les autres, que je ne savais pas dire non. J’ai compris que le rire était pour moi le meilleur médicament du monde, que je disposais d’outils fabuleux, qui m’étaient propres : mon coffre à trésors, l’écriture et le jardinage.
Mon coffre à trésors, c’est cette mémoire dans laquelle je range petits et grands moments de bonheur, c’est cette malle intérieure dans laquelle il faut que j’aille puiser, le plus souvent possible l’énergie qui en émane, et que mon côté « verre à moitié vide » à tendance à négliger. Mon coffre à trésors, c’est la richesse des émotions que je vis et que je reconnais mais que je ne sais pas valoriser.
L’écriture. L’écriture est pour moi un outil très particulier. D’abord, bien sûr, parce qu’il me permet d’exprimer plein de choses, d’émotions, positives ou négatives. Parce que dans mes sautes d’humeur, lorsque je vais mal, l’écriture est ce qui me relie à l’humeur d’avant celle qui me déchire. Et lorsque je vais bien, l’écriture est ce qui me permet de faire ancrage sur le positif, ce qui me rappelle que mes phases destructrices sont violentes mais passagères. Éphémères par nature. Et puis, l’écriture me permet de lâcher prise. Je couche mes émotions sur le papier, ou sur mon ordinateur. Elles passent par mes doigts et sortent de mon corps. C’est comme si l’écriture me libérait de mes émotions. Alors, oui, il faut que j’écrive. Il faut que régulièrement, je fasse un effort pour m’y mettre, pour chercher l’ambiance de la mise en route et pour me laisser guider ensuite dans cet état libérateur et salvateur que m’offre l’écriture.
Et puis mon dernier outil (identifié ! j’en ai peut-être encore d’autres à découvrir !) : le jardin. Le jardin et la nature, en fait. J’ai commencé très naturellement à jardiner lorsque mon mari et moi avons acheté notre maison en banlieue parisienne. Très vite j’ai pris plaisir à de menus travaux d’entretien de notre petit jardin, qui était à l’époque très académique : une pelouse, des roses, un chèvrefeuille, rien de bien compliqué en somme. Je désherbais, je travaillais la terre. Et puis rapidement, je me suis aperçue que j’aimais l’odeur de la terre. Je me suis aperçue que, lorsque je jardinais, mes problèmes s’envolaient, ma tête se mettaient au repos. Et puis, et puis… et puis j’ai croisé un second passeur de rives, dont je te reparlerai, lecteur, quand je serai prête à le faire. Mais cette personne-là m’a chatouillée sur le sujet du jardin. Et petit à petit, je suis passée de l’entretien à la création. De la petite binette aux travaux gigantesques. Du jardin académique au jardin libre, innovant.
Ce soir, après une semaine très éprouvante au niveau du travail, du stress quotidien, de l’attention que j’ai dû me porter sans cesse pour ne pas partir en live, je viens de passer une journée harassante au jardin. Désherbage violent d’une graminée épaisse, vilaine et envahissante. Création dans ma tête d’un coin mi minéral – mi végétal… J’ai fait un rêve et suis en train de le réaliser. Mon corps est vidé de ses forces, mes jambes sont toutes flagada, mais je suis heureuse et je me sens bien ! C’est pas un cadeau ça ?
Et comme par hasard, c’est un jour comme ça, où, bien qu’au bord de l’épuisement physique, j’atteins d’autres buts, inespérés… Un hasard ? Non, je sais que ce n’est pas un hasard. C’est le fruit de mon travail. Je le sais, je le constate, et cela fait ancrage en moi.
Quand je pouvais parler, alors Elisabeth G. écoutait, posait quelques questions, très sobres, dont l’objectif était de me faire creuser un peu plus ma réflexion sur les sujets abordés au cours de notre conversation … elle avait une mémoire incroyable de tout ce que je lui disais et il me paraît maintenant évident qu’elle avait appris à me connaître incroyablement bien et qu’elle avait parfaitement conscience de cette grande spirale dans laquelle j’entrais, de ce personnage dans lequel j’étais enfermée et dont tout en moi aspirait à sortir… Je repartais toujours de chez elle avec une question qu’elle me posait à la dernière minute, pour me faire réfléchir de là à notre prochaine entrevue… Et cette question, toujours d’une simplicité biblique en apparence, était en fait une vraie question, d’une richesse inouïe, une source à laquelle parfois je m’abreuve encore aujourd’hui...
Et puis, quand je n’allais pas bien et que je n’étais pas en état de parler, Elisabeth G. me faisait travailler sur le corps, sur ma posture. Elle me demandait l’autorisation de me toucher, posait ses mains sur mes épaules, sur mes hanches, et me faisait prendre conscience d’une partie de mon corps par ce toucher, et par les mots dont elle l’accompagnait. Elle m’apprenait à m’assoir, ou à me tenir debout sur un quai de gare…
Elle était vraiment extraordinaire ! Elle a été mon premier « passeur de rives ». Une de ces personnes qu’on croise un jour, sans trop bien savoir pourquoi ni pour quoi, et qui sont des révélateurs, des catalyseurs, des personnes qui nous font faire un pas immense, qui nous font passer d’une rive à l’autre de notre vie. J’aime cette image… Ma vie à moi est traversée par un torrent imposant, large, tumultueux, dangereux par endroits. Et mes passeurs de rives sont mes guides dans la traversée…
Elisabeth G. m’a fait prendre conscience de plein de choses. Avec elle, j’ai commencé à identifier mes émotions, j’ai posé dessus des images. J’ai découvert que je n’aimais pas le contact physique avec les autres, que je ne savais pas dire non. J’ai compris que le rire était pour moi le meilleur médicament du monde, que je disposais d’outils fabuleux, qui m’étaient propres : mon coffre à trésors, l’écriture et le jardinage.
Mon coffre à trésors, c’est cette mémoire dans laquelle je range petits et grands moments de bonheur, c’est cette malle intérieure dans laquelle il faut que j’aille puiser, le plus souvent possible l’énergie qui en émane, et que mon côté « verre à moitié vide » à tendance à négliger. Mon coffre à trésors, c’est la richesse des émotions que je vis et que je reconnais mais que je ne sais pas valoriser.
L’écriture. L’écriture est pour moi un outil très particulier. D’abord, bien sûr, parce qu’il me permet d’exprimer plein de choses, d’émotions, positives ou négatives. Parce que dans mes sautes d’humeur, lorsque je vais mal, l’écriture est ce qui me relie à l’humeur d’avant celle qui me déchire. Et lorsque je vais bien, l’écriture est ce qui me permet de faire ancrage sur le positif, ce qui me rappelle que mes phases destructrices sont violentes mais passagères. Éphémères par nature. Et puis, l’écriture me permet de lâcher prise. Je couche mes émotions sur le papier, ou sur mon ordinateur. Elles passent par mes doigts et sortent de mon corps. C’est comme si l’écriture me libérait de mes émotions. Alors, oui, il faut que j’écrive. Il faut que régulièrement, je fasse un effort pour m’y mettre, pour chercher l’ambiance de la mise en route et pour me laisser guider ensuite dans cet état libérateur et salvateur que m’offre l’écriture.
Et puis mon dernier outil (identifié ! j’en ai peut-être encore d’autres à découvrir !) : le jardin. Le jardin et la nature, en fait. J’ai commencé très naturellement à jardiner lorsque mon mari et moi avons acheté notre maison en banlieue parisienne. Très vite j’ai pris plaisir à de menus travaux d’entretien de notre petit jardin, qui était à l’époque très académique : une pelouse, des roses, un chèvrefeuille, rien de bien compliqué en somme. Je désherbais, je travaillais la terre. Et puis rapidement, je me suis aperçue que j’aimais l’odeur de la terre. Je me suis aperçue que, lorsque je jardinais, mes problèmes s’envolaient, ma tête se mettaient au repos. Et puis, et puis… et puis j’ai croisé un second passeur de rives, dont je te reparlerai, lecteur, quand je serai prête à le faire. Mais cette personne-là m’a chatouillée sur le sujet du jardin. Et petit à petit, je suis passée de l’entretien à la création. De la petite binette aux travaux gigantesques. Du jardin académique au jardin libre, innovant.
Ce soir, après une semaine très éprouvante au niveau du travail, du stress quotidien, de l’attention que j’ai dû me porter sans cesse pour ne pas partir en live, je viens de passer une journée harassante au jardin. Désherbage violent d’une graminée épaisse, vilaine et envahissante. Création dans ma tête d’un coin mi minéral – mi végétal… J’ai fait un rêve et suis en train de le réaliser. Mon corps est vidé de ses forces, mes jambes sont toutes flagada, mais je suis heureuse et je me sens bien ! C’est pas un cadeau ça ?
Et comme par hasard, c’est un jour comme ça, où, bien qu’au bord de l’épuisement physique, j’atteins d’autres buts, inespérés… Un hasard ? Non, je sais que ce n’est pas un hasard. C’est le fruit de mon travail. Je le sais, je le constate, et cela fait ancrage en moi.
Mes outils de jardin |
mercredi 8 juin 2016
Observer le penseur
Heure de pointe. Elle monte dans son métro, traque une possible place libre. Chance, en voilà une ! C’est pour elle ! Une place isolée dans un « carré de deux ». C’est un jour avec ?!
Elle s’assied, sort son livre, enfin sort son smartphone sur lequel elle lit son livre numérique ! Les temps changent… on ne s’en rend même pas compte, mais il y a de quoi sourire…
Voilà son petit plaisir du matin : un bon livre, de quoi se laisser emporter le temps de son trajet. Oublier le métro. Se retrouver ailleurs. Loin.
Oui, sauf que ça, c’est quand tout se passe bien. Parce que ce matin, impossible de lire ! L’homme en face d’elle n’arrête pas de parler. « Alors, tu comprends, moi, je ne peux plus supporter ça. Je te l’ai envoyée balader ! Je te dis pas. Ah ah ! je l’ai bien eue. Elle a été sacrément surprise. […] Non je ne suis pas vache ! Elle ne l’a pas volé, dis donc […] Non, non, je n’irai pas m’excuser. Il ne manquerait plus que ça. Pas question ! …. ». Et il y met le ton, prend des airs, fait des gestes, fronce les sourcils, se détend. Mais autour de lui, il n’y a personne, personne qui semble le connaître en tout cas, personne qui l’écoute…
Les gens tout autour de lui sont tous plongés dans leur journal ou leur smartphone. Ils prennent cet air un peu contrit, de celui qui écoute et juge en faisant celui que cela n’intéresse ou n’atteint pas … On capte parfois un regard. On laisse trainer ses oreilles. L’air de rien … et on se fait sa petite idée, voire on discute avec soi-même, … en silence ! « Complètement taré celui-là ! Non, mais regarde le ! N’importe quoi !»
Et, en face de lui, la dame est outrée. Elle le regarde d’un air mauvais, elle soupire. Elle essaie par tous les moyens de lui montrer, sans le lui dire, qu’il casse les pieds à tout le monde, … et surtout à elle, qui a envie de lire. Point barre.
Quel âge peuvent-ils avoir ? Allez, à vue de nez, ils ont le même âge. Petite ou grosse cinquantaine, difficile à dire, mais dans ces eaux-là. À leur habillement, je me dis qu’ils sont aussi à peu près du même milieu social. Mais au comportement, là… grosse différence … encore que…. ! N’y en-a-t-il tout simplement un qui dit tout haut ce que l’autre pense tout bas, au sens propre de l’expression ?
Il faut bien nous l’avouer : ça nous choque de voir quelqu’un parler tout seul. Quelqu’un dans le métro, comme cet homme, qui raconte sa vie, qui semble avoir « un plomb qui a sauté ». Ou alors quelqu’un dans sa cuisine, comme notre vieille maman, qui dit les choses à voix haute, pour ne pas les oublier. Ca nous choque, mais que faisons-nous, nous, toute la journée ?
Debout de ce drôle de petit monde, j’observe. Et je me rends compte, que moi aussi je parle dans ma tête. Parce que tout ce que je j’écris là, je me le suis dit dans ma tête, dans le feu de l’action. D’ailleurs, à longueur de journée, je me parle dans ma tête ! Il n’est pas d’instant sans que je réfléchisse, que je raisonne. « Qu’est-ce qu’il a voulu dire là ? Il me prend pour une andouille ou quoi ? » […] « J’en ai marre de ce boulot. Ca me gave, ça me fait suer… Allez, concentre toi Marie, concentre toi et avance !»
Et tout à coup, je réalise que je suis en train d’« observer le penseur » en moi. Il est là, à l’écoute de tout. Indiscret à souhait. Il s’immisce en permanence dans ma vie, se montre indiscret et influençant. Sans arrêt, il donne son avis, il me montre qu’il a raison. Et moi, moi, … je l’écoute !!! Enfin, je l’écoutais, sans m’en rendre compte…
Ce matin, dans le métro, en regardant mes deux lascars, celui qui parle seul à voix haute et celui qui parle seul dans sa tête, je prends conscience qu’ils font tous les deux la même chose, chacun à sa façon, et que, moi qui les regarde, n’ai rien à leur envier.
Elle s’assied, sort son livre, enfin sort son smartphone sur lequel elle lit son livre numérique ! Les temps changent… on ne s’en rend même pas compte, mais il y a de quoi sourire…
Voilà son petit plaisir du matin : un bon livre, de quoi se laisser emporter le temps de son trajet. Oublier le métro. Se retrouver ailleurs. Loin.
Oui, sauf que ça, c’est quand tout se passe bien. Parce que ce matin, impossible de lire ! L’homme en face d’elle n’arrête pas de parler. « Alors, tu comprends, moi, je ne peux plus supporter ça. Je te l’ai envoyée balader ! Je te dis pas. Ah ah ! je l’ai bien eue. Elle a été sacrément surprise. […] Non je ne suis pas vache ! Elle ne l’a pas volé, dis donc […] Non, non, je n’irai pas m’excuser. Il ne manquerait plus que ça. Pas question ! …. ». Et il y met le ton, prend des airs, fait des gestes, fronce les sourcils, se détend. Mais autour de lui, il n’y a personne, personne qui semble le connaître en tout cas, personne qui l’écoute…
Les gens tout autour de lui sont tous plongés dans leur journal ou leur smartphone. Ils prennent cet air un peu contrit, de celui qui écoute et juge en faisant celui que cela n’intéresse ou n’atteint pas … On capte parfois un regard. On laisse trainer ses oreilles. L’air de rien … et on se fait sa petite idée, voire on discute avec soi-même, … en silence ! « Complètement taré celui-là ! Non, mais regarde le ! N’importe quoi !»
Et, en face de lui, la dame est outrée. Elle le regarde d’un air mauvais, elle soupire. Elle essaie par tous les moyens de lui montrer, sans le lui dire, qu’il casse les pieds à tout le monde, … et surtout à elle, qui a envie de lire. Point barre.
Quel âge peuvent-ils avoir ? Allez, à vue de nez, ils ont le même âge. Petite ou grosse cinquantaine, difficile à dire, mais dans ces eaux-là. À leur habillement, je me dis qu’ils sont aussi à peu près du même milieu social. Mais au comportement, là… grosse différence … encore que…. ! N’y en-a-t-il tout simplement un qui dit tout haut ce que l’autre pense tout bas, au sens propre de l’expression ?
Il faut bien nous l’avouer : ça nous choque de voir quelqu’un parler tout seul. Quelqu’un dans le métro, comme cet homme, qui raconte sa vie, qui semble avoir « un plomb qui a sauté ». Ou alors quelqu’un dans sa cuisine, comme notre vieille maman, qui dit les choses à voix haute, pour ne pas les oublier. Ca nous choque, mais que faisons-nous, nous, toute la journée ?
Debout de ce drôle de petit monde, j’observe. Et je me rends compte, que moi aussi je parle dans ma tête. Parce que tout ce que je j’écris là, je me le suis dit dans ma tête, dans le feu de l’action. D’ailleurs, à longueur de journée, je me parle dans ma tête ! Il n’est pas d’instant sans que je réfléchisse, que je raisonne. « Qu’est-ce qu’il a voulu dire là ? Il me prend pour une andouille ou quoi ? » […] « J’en ai marre de ce boulot. Ca me gave, ça me fait suer… Allez, concentre toi Marie, concentre toi et avance !»
Et tout à coup, je réalise que je suis en train d’« observer le penseur » en moi. Il est là, à l’écoute de tout. Indiscret à souhait. Il s’immisce en permanence dans ma vie, se montre indiscret et influençant. Sans arrêt, il donne son avis, il me montre qu’il a raison. Et moi, moi, … je l’écoute !!! Enfin, je l’écoutais, sans m’en rendre compte…
Ce matin, dans le métro, en regardant mes deux lascars, celui qui parle seul à voix haute et celui qui parle seul dans sa tête, je prends conscience qu’ils font tous les deux la même chose, chacun à sa façon, et que, moi qui les regarde, n’ai rien à leur envier.
Regarder à l'intérieur |
mercredi 1 juin 2016
Faire confiance
L'autre jour, au marché, je m'arrête chez mon fromager préféré. Il rigole tout le temps, le Sylvain, j'adore ! Ça fait tellement du bien de rire... bon, mais là, le Sylvain, il me vante son époisse. Et figurez-vous qu'ils en font un un peu plus affiné et roulé dans la cendre. Et d'ajouter que les clients, c'est plutôt dans la farine qu'ils les roulent... ah ah ah ... il est marrant ce gars !
Mais pourquoi, moi, j'ai toujours peur qu'on me roule dans la farine, toujours peur qu'on me berne, toujours peur qu'on me laisse tomber ? Je me sens naïve, d'une naïveté criante, maladive et j'ai tant tendance à faire confiance que je finis par avoir peur de me tromper. C'est dingue non ? Alors je perds confiance.
C'est donc là mon paradoxe : je fais une confiance totale à des gens qui me sont chers et que je connais bien, mais comme j'ai souvent été déçue par mes amitiés, je suis persuadée que je me trompe, et donc je ne fais pas confiance. Alors au bilan, confiance ou pas confiance ? Je suis terrorisée par cette réflexion et par la situation où je me trouve dans l'instant, face à cette réalité démente qui m'écartèle.
Et me revoilà avec une rumination qui me paraît insupportable, insurmontable. .. ça me remue, ça me fait mal. J'ai peur. Des fois, j'ai l'impression que je suis jalouse. Mais au final, je ne crois pas. Je n'ai pas envie d'avoir ce que les autres ont et que je n'ai pas, j'ai peur de perdre ce que j'ai et auquel je tiens tant. Comme si mon esprit croyait qu'en s'appropriant les choses ou les êtres, il se garantissait de ne jamais les perdre. Et ça, c'est juste complètement faux. J'ai peur et je suis consciente que je fournis à mon gâteau infernal le poison qui me tuera...
Alors que faire ? Travailler, aveuglément. Méditer, observer l'obstination avec laquelle mon esprit s'empare de mes pensées, les manipule, les nourrit. Sourire et ramener mon attention sur mon souffle. Et recommencer, encore, encore. Patience et compassion vis à vis de moi même. Clamer en chantant que je vais réussir à combattre cette gangrène qui s'empare de mon corps, raidit ma nuque et mes épaules, me prend la tête.
Méditer et me rappeler que cette personne à qui je suis horrifiée de ne pas accorder toute ma confiance est celle qui m'apporte le plus depuis quelques années. .. Celle qui, malgré toutes mes crises, malgré tous mes doutes, malgré mes démons, ne m'abandonne jamais. Celle qui malgré les rejets que je lui inflige me montre tant de constance, m'accorde tant d'écoute.
Méditer et me redire la chance que j'ai eu de la rencontrer.
Méditer et la remercier de tout ce à quoi elle m'a ouvert, de tout ce à quoi elle m'ouvre.
J'ai gravi une montagne ce soir... et en gravissant cette montagne, j'ai échappé au tsunami qui sévissait dans la vallée et j'ai atteint un sommet d'où je peux voir comme la vie est généreuse.
J'ai gravi une montagne, mais de là haut, je peux voir aussi qu'il m'en reste beaucoup d'autres à gravir, beaucoup plus hautes, beaucoup plus hardues.
Courage, Marie, quand on veut, on peut mais ... à chaque jour suffit sa peine !
Mais pourquoi, moi, j'ai toujours peur qu'on me roule dans la farine, toujours peur qu'on me berne, toujours peur qu'on me laisse tomber ? Je me sens naïve, d'une naïveté criante, maladive et j'ai tant tendance à faire confiance que je finis par avoir peur de me tromper. C'est dingue non ? Alors je perds confiance.
C'est donc là mon paradoxe : je fais une confiance totale à des gens qui me sont chers et que je connais bien, mais comme j'ai souvent été déçue par mes amitiés, je suis persuadée que je me trompe, et donc je ne fais pas confiance. Alors au bilan, confiance ou pas confiance ? Je suis terrorisée par cette réflexion et par la situation où je me trouve dans l'instant, face à cette réalité démente qui m'écartèle.
Et me revoilà avec une rumination qui me paraît insupportable, insurmontable. .. ça me remue, ça me fait mal. J'ai peur. Des fois, j'ai l'impression que je suis jalouse. Mais au final, je ne crois pas. Je n'ai pas envie d'avoir ce que les autres ont et que je n'ai pas, j'ai peur de perdre ce que j'ai et auquel je tiens tant. Comme si mon esprit croyait qu'en s'appropriant les choses ou les êtres, il se garantissait de ne jamais les perdre. Et ça, c'est juste complètement faux. J'ai peur et je suis consciente que je fournis à mon gâteau infernal le poison qui me tuera...
Alors que faire ? Travailler, aveuglément. Méditer, observer l'obstination avec laquelle mon esprit s'empare de mes pensées, les manipule, les nourrit. Sourire et ramener mon attention sur mon souffle. Et recommencer, encore, encore. Patience et compassion vis à vis de moi même. Clamer en chantant que je vais réussir à combattre cette gangrène qui s'empare de mon corps, raidit ma nuque et mes épaules, me prend la tête.
Méditer et me rappeler que cette personne à qui je suis horrifiée de ne pas accorder toute ma confiance est celle qui m'apporte le plus depuis quelques années. .. Celle qui, malgré toutes mes crises, malgré tous mes doutes, malgré mes démons, ne m'abandonne jamais. Celle qui malgré les rejets que je lui inflige me montre tant de constance, m'accorde tant d'écoute.
Méditer et me redire la chance que j'ai eu de la rencontrer.
Méditer et la remercier de tout ce à quoi elle m'a ouvert, de tout ce à quoi elle m'ouvre.
J'ai gravi une montagne ce soir... et en gravissant cette montagne, j'ai échappé au tsunami qui sévissait dans la vallée et j'ai atteint un sommet d'où je peux voir comme la vie est généreuse.
J'ai gravi une montagne, mais de là haut, je peux voir aussi qu'il m'en reste beaucoup d'autres à gravir, beaucoup plus hautes, beaucoup plus hardues.
Courage, Marie, quand on veut, on peut mais ... à chaque jour suffit sa peine !
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