mercredi 1 juin 2016

Faire confiance

L'autre jour, au marché, je m'arrête chez mon fromager préféré. Il rigole tout le temps, le Sylvain, j'adore ! Ça fait tellement du bien de rire... bon, mais là, le Sylvain, il me vante son époisse. Et figurez-vous qu'ils en font un un peu plus affiné et roulé dans la cendre. Et d'ajouter que les clients, c'est plutôt dans la farine qu'ils les roulent... ah ah ah ... il est marrant ce gars !

Mais pourquoi, moi, j'ai toujours peur qu'on me roule dans la farine, toujours peur qu'on me berne, toujours peur qu'on me laisse tomber ? Je me sens naïve, d'une naïveté criante, maladive et j'ai tant tendance à faire confiance que je finis par avoir peur de me tromper. C'est dingue non ? Alors je perds confiance.

C'est donc là mon paradoxe : je fais une confiance totale à des gens qui me sont chers et que je connais bien, mais comme j'ai souvent été déçue par mes amitiés, je suis persuadée que je me trompe, et donc je ne fais pas confiance. Alors au bilan, confiance ou pas confiance ? Je suis terrorisée par cette réflexion et par la situation où je me trouve dans l'instant, face à cette réalité démente qui m'écartèle.

Et me revoilà avec une rumination qui me paraît insupportable, insurmontable. .. ça me remue, ça me fait mal. J'ai peur. Des fois, j'ai l'impression que je suis jalouse. Mais au final, je ne crois pas. Je n'ai pas envie d'avoir ce que les autres ont et que je n'ai pas, j'ai peur de perdre ce que j'ai et auquel je tiens tant. Comme si mon esprit croyait qu'en s'appropriant les choses ou les êtres, il se garantissait de ne jamais les perdre. Et ça, c'est juste complètement faux. J'ai peur et je suis consciente que je fournis à mon gâteau infernal le poison qui me tuera...

Alors que faire ? Travailler, aveuglément. Méditer, observer l'obstination avec laquelle mon esprit s'empare de mes pensées, les manipule, les nourrit. Sourire et ramener mon attention sur mon souffle. Et recommencer, encore, encore. Patience et compassion vis à vis de moi même. Clamer en chantant que je vais réussir à combattre cette gangrène qui s'empare de mon corps, raidit ma nuque et mes épaules, me prend la tête.

Méditer et me rappeler que cette personne à qui je suis horrifiée de ne pas accorder toute ma confiance est celle qui m'apporte le plus depuis quelques années. .. Celle qui, malgré toutes mes crises, malgré tous mes doutes, malgré mes démons, ne m'abandonne jamais. Celle qui malgré les rejets que je lui inflige me montre tant de constance, m'accorde tant d'écoute.

Méditer et me redire la chance que j'ai eu de la rencontrer.

Méditer et la remercier de tout ce à quoi elle m'a ouvert, de tout ce à quoi elle m'ouvre.

J'ai gravi une montagne ce soir... et en gravissant cette montagne, j'ai échappé au tsunami qui sévissait dans la vallée et j'ai atteint un sommet d'où je peux voir comme la vie est généreuse.

J'ai gravi une montagne, mais de là haut, je peux voir aussi qu'il m'en reste beaucoup d'autres à gravir, beaucoup plus hautes, beaucoup plus hardues.

Courage, Marie, quand on veut, on peut mais ... à chaque jour suffit sa peine !

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